L'Amour plus fort que ta peur

Catherine Bensaid ne voulait pas écrire un livre théorique. Non que ses ouvrages précédents aient été abstraits, mais cette fois plus que jamais, elle voulait rester « collée à la parole » des analysés qu’elle reçoit. C’est-à-dire collée à leurs souffrances et à leurs libérations. Ayant pris comme axe l’écoute réparatrice et le silence accueillant (diamétralement opposé au silence indifférent), elle avait commencé à raconter une vingtaine de cas de femmes et d’hommes, pour finalement n’en conserver que neuf. Neuf récits dont les seuls titres vous en disent déjà long : Je me sens coupable d’exister – Je viens d’un monde de fous – Je crains de m’aventurer au large – Ai-je le désir de vivre ? – Ma mère ne m’aime pas – J’ai peur de réussir – Je suis folle de colère – Je me sens si mal, que vais-je devenir ? – J’ai peur de ne pas être à la hauteur – La maladie m’a ouvert des portes. Après avoir raconté les vies de ces neuf patients (et comment ils s’en sont sortis !), la psychanalyste a ensuite lu à chacun, en les tutoyant, un texte personnel rédigé quasiment en écriture automatique, avant de les renvoyer à de grands modèles, de Nietzsche à Etty Hillesum, de Khalil Gibran à Rainer Maria Rilke. L’ensemble est réussi. Il plonge le lecteur dans une salutaire méditation.