Rarement, même dans la littérature russe, aura-t-on vu évoquer avec autant de puissance toute l''horreur et l''aberration du système concentrationnaire soviétique, de ses hiérarchies absurdes, de sa dimension avilissante. Vision d''autant plus saisissante que le " héros " et narrateur est lui-même intimement corrompu par le système. Mais ce qui bouleverse le plus dans ce roman dostoïevskien, l''un des plus beaux livres de Martin Amis, c''est la compassion que l''auteur, avec un lyrisme pudique, parvient malgré tout à exprimer pour tous ses personnages, victimes et bourreaux. Avec en filigrane cette question lancinante : comment rester humain ?
